Les garde-temps fabriqués dans le canton de Genève ont leur propre certification : c’est le Poinçon de Genève, une marque physique qui vise à distinguer les manufactures locales aussi bien que les montres répondant à des critères de satisfaction quant à leur bienfacture et leur fiabilité. Créé en 1886, ce Poinçon est emblématique d’une volonté que l’on retrouve dans la plupart des labels et certifications suisses : valider la qualité supérieure de fabrication d’un garde-temps et garantir la rareté d’un savoir-faire d’excellence.
1886, année de naissance du Poinçon de Genève
C’est en Suisse, notamment dans le canton de Genève et aux alentours, que l’histoire horlogère moderne prend son essor entre le XVIIIe et le XIXe siècles. À l’époque, le nom de la commune, gravé sur les mouvements des montres fabriquées localement, est une sorte de label garantissant l’origine et la qualité de la pièce.
Mais parce que l’histoire des succès techniques est aussi, trop souvent, celle des contrefaçons et des exploitations abusives, le nom de Genève est rapidement détourné de son emploi pour marquer des garde-temps de qualité variée (généralement médiocre), produits dans d’autres contrées par des manufactures peu scrupuleuses. D’autres marques n’hésitent pas à s’approprier le label cantonal pour attirer le chaland via des réclames dans les journaux helvétiques.
C’est ainsi que la notion d’ « origine contrôlée » voit le jour, appliquée aux garde-temps. En 1886, afin de garantir la validité du savoir-faire des maisons horlogères genevoises, la Société des Horlogers de Genève, créée moins de dix ans plus tôt (en 1878), et le Conseil d’État, proposent un projet de loi visant à définir les contours d’une certification des montres produites dans la commune : cette loi est dite du « Contrôle facultatif des montres de Genève – Poinçon de Genève ».
Ainsi, le Grand Conseil de la République et Canton de Genève instaure un Bureau de contrôle des montres, qui a pour attribution d’apposer un sceau – le poinçon officiel de l’État – sur les montres ayant passé des contrôles rigoureux. Mais le premier critère entre tous reste celui-ci : que les manufactures soumettant leurs garde-temps à l’épreuve du Bureau résident elles-mêmes à Genève. Une condition sine qua non qui a pour objectif de conserver sur le territoire un savoir-faire précieux, à une époque où de nombreuses maisons choisissent de s’installer à l’étranger.
Les critères d’obtention du Poinçon de Genève
Seules les marques qui fabriquent leurs garde-temps dans le canton ont donc la possibilité de demander le Poinçon de Genève – mais aucune maison horlogère n’est contrainte de s’y soumettre. C’est que l’accès à ce Graal horloger est restreint. D’abord parce que la certification est complexe, établie en fonction de critères portant sur :
- Le mouvement
- Le fonctionnement
- Le boîtier
- La précision
- La fiabilité
- L’étanchéité
- La réserve de marche
- Les choix techniques
À noter que ces critères sont ceux qui ont été adoptés par la Commission Technique du Poinçon en 2011, à l’occasion des 125 ans du label. Certains de ces critères s’appliquent à la montre terminée et prennent en compte les progrès techniques de l’industrie horlogère. Le site officiel du Poinçon de Genève vous en apprendra plus.
Ensuite, parce que cette certification est payante, et que ce prix élevé ne se justifie pas pour toutes les marques. En effet, l’obtention d’un label comme le Poinçon de Genève permet de distinguer un produit de la masse de la production, en tant que titre honorifique. Or, le grand public n’est pas nécessairement bien armé pour comprendre la valeur de cette marque, et pas toujours prêt à payer un prix supérieur sous ce prétexte. Pour les maisons horlogères, il s’agit donc avant tout d’un choix stratégique.
Le Poinçon de Genève, un Graal horloger particulièrement rare
Les marques qui bénéficient du Poinçon de Genève – qu’il s’agisse de la totalité ou d’une fraction de leurs mouvements – se comptent sur les doigts des deux mains. Les voici :
- Ateliers DeMonaco
- Cartier
- Chopard
- Louis Vuitton
- Patek Philippe
- Roger Dubuis
- Vacheron Constantin
En 2016, la marque Louis Vuitton fut la dernière, à ce jour, à intégrer le club très fermé des fabricants distingués par le Poinçon de Genève. Et l’on compte plus d’un million de garde-temps portant le sceau du Poinçon !